La crise sanitaire nous oblige à repenser certains sujets auxquels notre système de santé est confronté.
La crise sanitaire nous oblige à repenser certains sujets auxquels notre système de santé est confronté.
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Avoir une vision prospective
La situation actuelle n’avait pas été anticipée. Des décisions, prises au fil des ans, ne se sont pas avérées pertinentes. Nous disposons pourtant d’une multitude de « Hauts comités » et de « Conseils » tous composés d’experts compétents, mais nous manquons d’analyse prospective globale pour anticiper les enjeux. Notre système de santé est constitué d’une multitude d’acteurs qui sont tous convaincus de leur rôle spécifique. Nous manquons d’appréciations partagées entre tous ces acteurs. Nous ne disposons pas d’un lieu dans lequel tous les intervenants peuvent se confronter, s’approprier les positions qui font consensus et les porter dans le débat public. Nous avons besoin d’un Haut conseil de la prospective en santé capable de formuler des recommandations et de les médiatiser afin qu’elles alimentent ce débat et les décisions du politique.
Repenser le niveau régional
L’organisation administrative régionale de l’organisation des soins et de la gestion de crise est questionnée. Les agences régionales de santé sont mises en cause. Dix ans après leur création, il faut faire un bilan de leur fonctionnement, de leur relation avec des directions d’administration centrale du ministère trop cloisonnées comme avec les autres autorités régionales. Pour autant, méfions-nous de certaines facilités. Revenir à la situation antérieure où leurs missions étaient assurées sous la tutelle des préfets n’y gagnerait pas nécessairement en agilité administrative. Il faudra renforcer les liens entre les élus régionaux et les ARS, mais confier aux régions l’entière responsabilité de l’organisation des soins, nécessiterait de leur en confier aussi les conséquences budgétaires et revoir les modalités actuelles de financement par l’assurance maladie. Les exemples de l’Italie ou de l’Espagne, et même des Landers allemands, où l’organisation des soins est régionalisée, nous montrent combien cette organisation présente aussi des fragilités.
Faire des choix de priorités
La diminution du nombre de lits hospitaliers au cours de ces dernières années est aujourd’hui critiquée. Avons-nous été trop loin ? Nous pourrons nous reposer la question. Mais doit-on disposer dans tous les établissements de santé d’une capacité supérieure aux besoins courants pour faire face à une éventuelle crise ou ne doit-on pas avoir une organisation permettant de répondre à des situations imprévisibles ? Retenons aussi de cette crise que, dans des conditions certes difficiles, notre système a su s’adapter.
Il faudra faire des choix pour assurer les financements à venir. La revalorisation des rémunérations à l’hôpital et dans le secteur médico-social est une priorité, pas seulement pour honorer un personnel qui s’est dépensé sans compter, mais parce que les insuffisantes rémunérations ne rendent pas ces carrières attractives. Mais nous aurons aussi besoin d’investir en matériel ou en immobilier dans certains hôpitaux et pour rénover les EHPAD. Or, tout le monde ne peut pas tout faire et le faire bien. Cette crise aura confirmé qu’entre établissements publics et établissements privés, il était possible de travailler ensemble au bénéfice de la population. Dans un contexte de tension budgétaire auquel nous n’échapperons pas, il nous faudra trouver dans de nouveaux partenariats entre le secteur public et le secteur privé des opportunités pour inventer l’avenir.